séminaire accueilli par le cehta/ehess
coordonné par anne creissels
maître de conférences en arts plastiques à l'université de lille 3, membre du ceac
docteure de l'ehess en histoire et théorie des arts, chercheure associée au cehta

contact : annecreissels(at)orange.fr
http://compagnieaplusb.blogspot.com

séance du vendredi 20 décembre 2013

Jocelyne Vaysse, auteure de La Danse-thérapie, Histoires, Techniques, Théories, Ed. L’Harmattan, Paris, jocelynevaysse(at)orange.fr 

« Mouvements dansés, soins et recherches » 

L’utilisation des mouvements dansés à visée soignante incluant la danse-thérapie (DT) prend sa source dans la danse mais s’écarte de sa finalité spectaculaire, technique et performative. Elle bénéficie des courants de la danse, de son aura et d’influences socio-culturelles (danse-transe, danses africaine, traditionnelle, académique, expressionniste, modern’jazz, hip-hop…) et est couplée à des approches psychologiques. S’y ajoutent les apports des techniques "somatiques", de la communication (la motricité - postures, gestes, mimiques - étant une voie majeure d'expression et de régulation des émotions) et d’analyse du mouvement (dynamique Bartenieff ; poids - temps - espace - énergie de l’Effort-Shape de Laban…). 

Ces différentes filiations ont façonné sa richesse actuelle, étendue à l’accueil des artistes non thérapeutes dans le cadre des institutions soignantes (Hôpital, CMP…), à l’aspect "auto-soignant" par la pratique de la danse en tant qu’artiste ou amateur face à la maladie, au deuil… . Cette orientation spécifique de la danse met le corps (dansant) en position d’objet et d'instrument des soins. D’autre part l’accent est mis sur ses ressources, si bien que le handicap (mental, psychique, moteur) n’est pas un obstacle, le recours positif au potentiel du corps éclairant autrement la problématique axée sur les déficits. 

La mémoire du corps et les vécus des sujets, les mouvements dansés, émotions, images mentales produits "parlent" sans passer par les mots. Ainsi, les éléments de la danse (rythme, coordination, tonus, relâchement, contact…), l’expressivité via les mouvements spontanés et les improvisations (avec ou sans thème) plus souvent que les mouvements imposés, les expériences motrices (sortir des schémas répétitifs) et les échanges dansés alimentent une séance de DT (avec ou sans musique). Mais au-delà de cette visibilité, la stimulation interne des processus psychiques est attendue : créativité, changement, imaginaire, empathie, symbolisation via symboles et archétypes… , provoquant une (ré)organisation psychomotrice et suscitant conscientisation, élaboration, estime de soi, résilience. 

La diversité actuelle des pratiques permet des réponses appropriées face aux maux psychiatriques, addictifs, somatiques (cancer, Alzheimer, Parkinson…), des enfants aux adultes en souffrance (abusé, torturé, incarcéré, âgé…), en complémentarité et en alliance avec d’autres traitements. C’est aussi un facteur de (re)socialisation et un accès à un mieux-être dans une démarche de développement personnel.

Enfin, la danse à visée soignante est l’objet de recherches (stress, violence sociale, "counseling"…) quant à l’objectivation de ses résultats et de ses limites.